Sport scolaire : une exception culturelle

AVISSE-DESBORDES MIREILLE , Présidente de l'AEEPS
, 2010

Une structure que le sport mondial nous envie M. Avisse-Desbordes (Présidente de l'AE-EPS) Peut-on parler de sport sans évoquer ce qui nourrit et construit le désir de sport pour chacun : celui qu’il découvre dans l’enfance ? Peut-on parler de sport en négligeant celui que les parents pratiquent ou non, proposent ou non à leur enfant ? Peut-on parler de sport en oubliant que, dès l’école maternelle et jusqu’à l’université des pratiques corporelles sont instituées qu’on nomme Education Physique et Sportive, Association Sportive, Sport Scolaire : UNSS ? Plus particulièrement plus de 30000 professeurs interviennent à partir de la 6ème dans des cours d’ EPS (1) souvent assimilés à « du sport » comme cela se dit souvent. Pourtant il y a une grande différence entre le cours d’éducation physique et le moment où l’on « fait du sport », entre le moment où c’est toute la classe qui découvre et apprend avec celles et ceux « qui n’aiment pas trop », qui « ont des difficultés ». Entre ces moments où l’on est obligé de « faire des sports qu’on n’aime pas » et le moment où l’on choisit son sport qu’est l’association sportive, il y a toute la dimension de la motivation, de l’option, de l’implication, de l’application, … (2) Et il ne date pas d’hier… (3) Le sport scolaire: une origine associative 1890 !!! Une circulaire [[la circulaire Bourgeois]] autorise les étudiants à organiser des compétitions qui leur sont réservées, elles sont coordonnées par une fédération multi- sport : l’ Union Sportive Française des Sociétés Athlétiques qui organise, dirige et réglemente les rencontres scolaires. Dès 1923 les Instructions officielles proposent que les professeurs volontaires et bénévoles offrent aux élèves 2h de sport le jeudi. Des catégories d’âges, un livret scolaire individuel et un contrôle médical sérieux sont créés. Le certificat médical reste un outil de surveillance toujours actuel. Le sport scolaire: une vie associative annexée par l’école L’ Office du Sport Universitaire (1934) cordonne d’abord les rencontres des AS, puis avec l’ OSSU (sport scolaire et universitaire-1938) les AS deviennent obligatoires dans tous les établissements publics . Grâce au décret de 1950 qui accorde aux professeurs d’ EPS un forfait de 3 h de leur emploi du temps destiné à l’animation de l’ AS, on passe de 0,6% licenciés à 10% en 1952 et avec l’ ASSU, l’ AS devient obligatoire aussi dans les établissements privés. 25% de licenciés trouvent là le moyen de prolonger le cours d’ Education Physique C’est une longue période où il s’est agi d’amener les élèves vers des pratiques sportives. En effet, jusqu’en 1975, on assiste à {une Sportivisation importante de la société} qui se traduit dans les clubs civils par un pourcentage de licenciés qui augmente de 30% par an. Le sport scolaire: une vie associative intégrée à l’école Avec la séparation de la Fédération Nationale du Sport Universitaire et de l’Union Nationale du Sport Scolaire en 1975 commence une période de grande adaptabilité de l’offre des professeurs à la transformation des attentes de leurs élèves. En même temps que le nombre de licencés se stabilise, la pratique sportive des français s’autonomise. -* L’école a-t-elle joué son rôle dans cette capacité à trouver soi-même son style et son type de pratique ? Sans doute si l’on prend en compte le fait que l’ UNSS intègre petit à petit sous la pression des enseignants les activités nouvelles d’expression, de pleine nature et propose des formules permettant aux jeunes sportifs issus uniquement de la filière scolaire de s’exprimer sans être barrés par celles et ceux qui s’exercent déjà en clubs depuis plusieurs années. Le rôle des jeunes officiels est pris en compte comme facteur fondamental d’une « éducation associative en acte ». Aujourd'hui L’ UNSS est la première fédération féminine française, elle est la créatrice de formules de rencontres reprises par certaines fédérations et pourrait avec profit donner quelques idées pour faire évoluer l’arbitrage comme l’utilisation de deux arbitres en rugby par exemple. Le sport scolaire à l’école dans le monde d’aujourd’hui : pour une école des savoir être durables… -* Pourquoi faut-il préserver ce temps, cet espace là dans l’école ? Parce qu’il est un « {sas} », un passage en douceur vers l’acceptation de la découverte de la défaite et celle, progressive, des victoires possibles. Ceci parce que le professeur n’est pas soumis à «{ l’obligation de résultats} », à la sélection des meilleurs pour un titre de champion obligé, parce qu’il peut dédramatiser l’échec, jouer sur le plaisir de réunir et d’encadrer des « {groupes de copains} » d’abord et surtout heureux de pratiquer leur sport ensemble. D’ailleurs, lorsque certains professeurs importent dans l’ AS leur rôle d’entraîneur sportif et oublient celui de pédagogue cela donne parfois une tension malsaine à des rencontres scolaires où l’on découvre alors toutes les racines des maux futurs du monde sportif adulte. Quand il pratique un sport scolaire avec l’association sportive de son collège un enfant entre dans ce lieu magique, le dernier avec la « {gymnastique volontaire} », où l’on se livre, comme le dit la sociologue M. Métoudi à « une pratique généreuse du sport ». Pratique généreuse parce que ludique et dédramatisée, amicale et conviviale. Tout dépend de la personnalité, de l’implication du professeur qui devient dès lors un «{ animateur} » de l’ AS : celui qui « {donne une âme} » dit le dictionnaire. Ainsi il faudrait s’intéresser de plus près à ce qui fonctionne bien quand l’ Association Sportive remplit son rôle et sa mission de service public… C’est assurément quand ces trois facteurs sont réunis : la demande et l’engagement des élèves les réponses et l’engagement des enseignants d’ EPS la collaboration étroite et engagée des chefs d’établissements présidents d’ AS Le sport scolaire est le point d’application historique de la présence de la vie associative dans le système scolaire : une formation à l’engagement. L’affirmer ne suffit pas pour évaluer au cas par cas comment il peut se mettre en œuvre. Seules les équipes éducatives en lien avec leurs lieux de vie peuvent en donner les mesures utiles pour évaluer la plus value qu’il apporte aux élèves, aux établissements, aux quartiers, aux villages… Il est urgent d’attendre l’évaluation de ces projets avant de casser l’outil !

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