Caractériser le niveau des nageurs lors d’un surplace : quelles étapes et quels repères de progressivité ?

POTDEVIN FRANÇOIS - Unité de Recherche Pluridisciplinaire Sport, Santé, Société (EA 7369), FSSEP Université de Lille (59) , Analyse des pratiques en EPS
SCHNITZLER CHRISTOPHE - Unité de Recherche Pluridisciplinaire Sport, Santé, Société (EA 7369), FSSEP Université de Lille (59)
Les dossiers "Enseigner l'EPS" , 2017, vol. 3, 114-118

Résumé : L’acquisition d’un savoir nager permettant à tous de s’engager dans le milieu aquatique avec le maximum de sécurité est l’objet d’une attention toute particulière à l’école. Les programmes intègrent une véritable progressivité dans les compétences à acquérir dès l’école primaire, et priorisent notamment lors des cycles 2 et 3 le développement de la capacité à enchainer différentes actions jugées comme fondamentales. Ces habiletés font l’objet d’un consensus dans les milieux scolaires et fédéraux et sont catégorisées selon trois types de tâches : les déplacements ventraux et dorsaux, les immersions et le surplace. Curieusement, les productions didactiques concernant les activités aquatiques se focalisent pour la plupart sur les habiletés liées aux déplacements à des fins de vitesse ou d’économie de nage. Il existe d’ailleurs de nombreuses propositions didactiques exposant des progressions techniques permettant à tous les élèves d’enrichir ce type de motricité.

Pourtant, dans une visée sécuritaire, la capacité à réaliser un surplace en étant le plus économique possible apparaît également indispensable à tous les niveaux de formation. Quels sont les différents modes d’organisation motrice observables dans ce type de tâche ? Peut-t-on les hiérarchiser en fonction des niveaux d’expertise ? Quelle progressivité proposer afin de permettre à tous les élèves d’accéder à un niveau important de maitrise de cette tâche ? En nous basant sur l’analyse de  comportements réels dans cette tâche spécifique du surplace, l’objectif de notre communication est de présenter une typologie des comportements moteurs relatifs à différents mécanismes de propulsion aquatique, et permettant de définir des niveaux d’expertise comme autant de repères de progressivité. Quarante-quatre sujets ont ainsi dû réaliser une tâche de surplace pendant 2 minutes, filmés dans et en dehors de l’eau par 4 caméras. Une grille d’observation a été élaborée, qui  a permis d’estimer :

1) la nature de la force générée (principe d’action-réaction ou portance)

2) le type de coordination entre les membres (synchrones ou asynchrones).

L’analyse des fréquences cardiaques et de la difficulté perçue chez chaque participant montre l’existence de 3 niveaux techniques hiérarchisés : un niveau débutant caractérisé par des mouvements verticaux de poussée vers le bas ; un niveau intermédiaire contenant des mouvements de balayage synchronisés ; et un niveau expert caractérisé par des balayages et des mouvements asynchrones type rétropédalage. Cette typologie suggère qu’apprendre à nager surplace nécessite avant tout d’acquérir une propulsion basée sur les balayages (bras, jambes) avant de chercher à optimiser cette production de force par des mouvements asymétriques. Ces résultats nous permettent alors de proposer des contenus techniques différenciés pour que tous les élèves apprennent à mieux s’adapter au milieu aquatique quel que soit leur niveau.

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