Franchir des obstacles pour gravir des sommets, du trail d'obstacles à la marche

CHEVAILLER NICOLAS - Professeur EPS, Lycée des métiers Jacques Prévert, Combs-la-Ville (77) , Plaisir en EPS
Les dossiers "Enseigner l'EPS" , 2017, vol. 3, 154-158

Résumé : Le lycée des métiers Jacques Prévert fait face à un absentéisme record en première année de CAP. L’EPS n’est pas épargnée par ce phénomène, particulièrement en demi-fond et en course d’orientation. Le mot « course » est chargé de représentations négatives et conduit à une démobilisation des élèves. Des difficultés persistantes apparaissent dans l’acquisition des compétences attendues. Comment permettre à tous les élèves de lycée professionnel d’apprendre et de retrouver le plaisir de courir ?

Notre démarche s’appuie sur le postulat  suivant : pour que tous les élèves apprennent en EPS, il est d’abord nécessaire qu’ils soient mobilisés. L’enjeu est de créer un désir d’agir grâce une pédagogie de la mobilisation (Lavie et Gagnaire, 2014). Deux pistes seront privilégiées : aborder l’activité en prenant en compte les préoccupations des élèves et leur faire vivre des expériences marquantes et majorantes. Une forme de jeu embryonnaire « le parcours d’obstacles » sert de situation d’accroche pour rechercher un plaisir immédiat et enclencher une envie de pratiquer. Le choix est fait d’une distance courte associée à des obstacles diversifiés et gradués en complexité où l’entraide est omniprésente. Chacun des obstacles favorise une implication émotionnelle forte et permet l’acquisition d’apprentissages moteurs spécifiques.

Ce jeu évolue au fil des séances vers « la course hors sentier », vierge de toutes représentations. Les différentes épreuves vécues dans le parcours d’obstacles sont le support de cette activité nouvelle. On privilégie un déplacement chronométré en terrain varié (150 à 200 mètres) comprenant quatre sections délimitées où l’élève essaye, seul ou à deux, de franchir des obstacles naturels ou artificiels en ayant le moins de pénalités possibles. Ce dispositif favorise une réussite immédiate en proposant des contenus en phase avec le niveau d’adaptation de chacun des élèves. L’acquisition d’une motricité particulière et adaptative est recherchée pour relever le défi proposé en fin d’année.

Enfin, la séquence aboutit à une randonnée préparatrice « le circuit des 25 bosses » à Fontainebleau et à l’ascension d’un sommet (2400 mètres d’altitude) avec deux nuits en refuge. L’idée est de mobiliser parallèlement les élèves à moyen terme sur un plaisir à venir et offrir un véritable fil conducteur donnant du sens aux apprentissages. Ce milieu inconnu rend l’engagement émotionnel important. La relation à l’autre et à soi évoluent.

Une pédagogie de la mobilisation contribue à l’apprentissage de tous les élèves en EPS et notamment des plus démobilisés. En suscitant a fait naître un désir du plaisir d’agir et du désir d’apprendre, elle permet de réduire l’absentéisme et favorise l’acquisition des compétences attendues. L’implication des disciplines dans ce projet a permis une lutte efficace contre le décrochage scolaire. L’école, source d’échec et de souffrance est devenue, au moins pour un temps, un lieu de réussite pour chacun

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