Du « gentil bad » aux « plumes colorées ». Des formes de jeu scolaire pour passer d'une mobilisation à une autre en réussissant et en apprenant

CROIZIER KAREN - Professeure agrégée EPS, Lycée professionnel Amédée Gasquet, Clermont-Ferrand (63) , Plaisir en EPS
Les dossiers "Enseigner l'EPS" , 2017, vol. 3, 164-169

Résumé : Majoritairement les élèves considèrent le badminton comme une activité agréable à pratiquer qui suscite naturellement du plaisir. Cependant, dans certains cas, peuvent émerger différentes sources de déplaisir. Outre la lassitude et le désintérêt pouvant être éprouvés, on peut aussi rencontrer  des élèves refusant cette activité en détournant les situations proposées. Notamment lorsqu’elles ne sont pas en consonance avec leur mobile d’action (Dieu , 2012) et que celui-ci n’est pas suffisamment pris en compte par l’enseignant. Ce dernier vise prioritairement les apprentissages mais peut en oublier ce qui mobilise profondément l’élève, à l’origine de ce qu’il sait faire.

En partant de cette observation, notre objectif consistera à faire un pratiquant mobilisé avant de faire un apprenant. Proposer pour débuter un jeu rassemblant tous les pratiquants et permettant une réussite de tous va constituer notre priorité pour tous les mobiliser. Ce jeu : « le gentil bad » nous servira de première situation où la réussite de tous sera un préalable pour progresser vers d’autres formes de pratique jouées.

Rapidement, cette première forme de jeu va introduire différentes formes de pratique emboitées les unes aux autres qui balisent un itinéraire mobilisateur allant de « l’échangeur » à « l’expert », et considérant l’évolution des mobiles d’action des élèves.  Ces formes de pratique ludiques ont pour vocation de « bâtir » des pratiquants mobilisés vivant l’enjeu de l’activité à leur propre niveau de mobilisation pour qu’il y ait consonance entre la situation et le mobile.

Outre une mobilisation optimale des élèves, l’intérêt de ces formes jouées réside dans le fait qu’en les vivant, l’élève est confronté à la mise en œuvre de savoirs pratiques se construisant dans et par l’action. Sont évoqués ici les savoirs signifiants, qui affectent l’élève puisqu’en consonance avec son mobile d’action.

Pour envisager le passage vers une forme de jeu plus évoluée que la précédente, nous ciblerons les indicateurs de fin d’étape rendant possible et souhaitable cette bascule vers de nouvelles acquisitions sans bruler les étapes.

A l’issue de cette présentation d’emboitement de formes de pratique, notre communication s’appuiera également sur l’introduction au cours du cycle d’une nouvelle forme de jeu : « les plumes colorées ».Tout en redynamisant l’implication de la classe, cette forme de jeu, en créant des possibilités de choix  (modalités de marque par exemple) favorisera l’autodétermination et créé une réussite relative à chacun. C’est aussi grâce à l’interdépendance entre les élèves, à la coopération entre eux que sont produits des effets positifs sur leurs apprentissages.

Nous tenterons donc de montrer qu’avant d’apprendre il faut être mobilisé et qu’apprendre, c’est passer d’une mobilisation à une autre. Quand un savoir signifiant est acquis, la mobilisation évolue et le pratiquant a besoin d’un nouveau savoir pour apprendre.

Ainsi, ces 2 exemples de formes de pratique  peuvent contribuer à construire chez l’élève en badminton un vécu où la réussite sera le maitre mot et le préalable à toute forme de mémorisation et où les savoirs signifiants pourront être réinvestis dans d’autres contextes ultérieurs.

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