Inducteurs d'évolution d'une forme de pratique embryonnaire en musculation scolaire

SETRUK DAVID - Professeur agrégé EPS, UFR STAPS, Clermont-Ferrand , Plaisir en EPS
Les dossiers "Enseigner l'EPS" , 2016, vol. 2, 172-176

Résumé: Les activités de la CP5, comme la musculation, ont pour objectif de « réaliser et orienter son activité physique en vue du développement et de l’entretien de soi ». Généralement deux cycles sont organisés au lycée. La tâche des enseignants s’avère délicate dans la mesure où il paraît ambitieux d’amener les élèves au niveau 4 de compétence, révélateur d’un « savoir s’entraîner », en si peu de séances.

Au cours du premier cycle de pratique, guidés par une logique préventive dans un temps contraint, les enseignants peuvent être amenés à organiser leur enseignement en présentant l’ensemble des consignes sécuritaires et de fonctionnement de chaque atelier. Ensuite, afin de prendre en compte les représentations des élèves et de personnaliser les charges de travail comme préconisé les programmes, des séances de « prises de max » sont présentées. Au cours de cette organisation chronophage, quatre, voire cinq leçons, sont parfois utilisées ! Dans les suivantes, l’observation et l’évaluation des élèves conduisent l’enseignant à réduire l’écart à une norme attendue. L’enseignant s’évertue alors à dispenser les contenus d’enseignement indispensables : rappel des consignes sécuritaires, des type de muscles sollicités par les ateliers, des postures et trajets moteurs corrects à effectuer. Les élèves n’ont alors que trop peu de repères sur ce qu’il faut apprendre au regard du développement et l’entretien de soi.

Ce mode de fonctionnement pédagogique, conduit parfois, notamment avec des classes difficiles,  à une démobilisation des élèves et/ou à des comportements hors-tâche, source de déplaisir et de réels risques liés à leur sécurité.

Par le biais de cet applicationnisme, c’est une pédagogie des manques qui est orchestrée et non une éducation aux sensations, seule vectrice, selon nous, d’une mobilisation optimale et pertinente permettant de s’engager ultérieurement dans cette pratique de façon autonome.

Afin d’éviter cet écueil, nous proposons d’emblée aux élèves une forme de pratique embryonnaire et évolutive : « La chasse aux muscles ». L’observation d’un premier niveau de mobilisation conduira l’enseignant à introduire des « inducteurs » leur permettant de s’autoévaluer, c’est-à-dire de mettre en relation les sensations de chaleur éprouvées et découvrir le nom des muscles sollicités, de s’approprier activement les aspects sécuritaires avec l’aide de l’enseignant, de manipuler les paramètres de la charge en les reliant systématiquement aux ressentis. En complément, des vidéos montreront des élèves en situation de mobilisation.

Ces inducteurs agissent comme une forme de propédeutique à une évaluation formatrice, puisqu’ils sont censés créer des sens nouveaux débouchant sur la construction de compétences d’ordre supérieur. Ainsi, à une pédagogie des manques se substitue une pédagogie inductive et plus mobilisatrice selon un curriculum organisé en six étapes.

Mots clés proposés par l'auteur : formes de pratique embryonnaire, inducteurs, mobilisation, éucation aux sensations, auto et coévaluation

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