Un jeu adapté pour mobiliser les élèves et effectuer des observations spontanées en natation avec des déficients auditifs

PIGNOL HÉLÈNE - ¨Professeur EPS, 2CA-SH (options A et F), Institut les Gravouses, Clermont-Ferrand
Les dossiers "Enseigner l'EPS" , 2016, vol. 2, 184-187

Résumé :

L’approche que nous proposons, expérimentée avec des enfants de primaire déficients auditifs, est de débuter le cycle d’apprentissage par un jeu : le porteur d’eau. C’est un jeu collectif où tous les élèves sont invités (mais pas obligés, certains ont plus de handicaps) à remplir une bassine jusqu’à la faire déborder. Ce remplissage s’effectue à partir des déplacements du gobelet en plastique rempli d’eau que chaque enfant doit transporter sans le renverser. Ce jeu vise simultanément à mobiliser les élèves et à effectuer des observations spontanées aussi bien sur leurs possibilités motrices que sur leur engagement émotionnel dans l’eau.

Nous montrerons, notamment à partir de séquences vidéo, que ce jeu est ajustable selon l’adaptation des élèves à la situation vécue. Aussi, des étapes de transition sont abordées pour ne laisser personne démobilisé. Il devra, à la main dès la sortie des douches, adapter sa vitesse de marche, conformément au règlement intérieur de la piscine, puis se déplacer en eau profonde, le gobelet sur une planche, mais avec différents accessoires pour aider à la flottaison et toute technique recevable pour déplacer ce gobelet sans le renverser.

Les enfants sont mobilisés par cette manipulation d’un objet connu, certes accessible d’emblée (un verre d’eau) mais pourtant seront contraints de faire évoluer leur manière de se déplacer pour mener leur gobelet à bon port...  C’est un jeu d’équilibre entre leur corps, la planche et le gobelet, car si je suis brusque, je le renverse et si j’appuie sur ma planche (crispation réflexe des débutants), je le fais couler… La nécessité de ralentir ses mouvements et d’augmenter l’ouverture d’épaules pour ceux qui tiennent leur planche à deux mains, seront des prémices des postures et mouvements adaptés à la natation (amplitude et précision).

Cette mobilisation est maintenue par une valorisation de l’autodétermination : l’élève choisit son équipement d’aide à la flottaison (ceinture, frite, brassards…), son ou ses partenaires (par 2 : lorsque l’un renverse le gobelet, l’autre prend sa place et ainsi de suite jusqu’à la bassine posée à 25m).

À partir des observations réalisées, des indicateurs permettent à l’enseignant de faire évoluer ce jeu : par exemple en coinçant le gobelet dans un « matelas-bateau » à déplacer à plusieurs (2 ou 3). Cela stimule les interactions sociales, tout en permettant de faire émerger et d’observer de nouveaux modes de déplacement.

Ainsi ces jeunes élèves à besoins spécifiques (privés ici de leurs appareils auditifs) souvent en difficulté pour la compréhension des consignes (qu’elles soient orales ou gestuelles) et habituellement très dissipés, s’appliquent et se concentrent pour se conformer au guidage matériel imposé par ce jeu.

Mots clés proposés par l'auteure : jeux, mobilisation des élèves, observations spontanées, adaptation motrice

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