De l'affordance d'apprentissage à l'affordance d'enseignement : intervenir en activité athlétique à l'école maternelle

FARRAULT JEAN-CLAUDE - Professeur agrégé EPS, CPD EPS, Direction des services départementaux , EN, Loiret
Les dossiers "Enseigner l'EPS" , 2019, vol. 5, 96-99

Résumé : En psychologie de la perception, l’affordance désigne la capacité d’un individu à appréhender son environnement en fonction des potentialités d’actions perçues. A l’inverse en ergonomie, l’affordance est la caractéristique pour un environnement à suggérer une utilisation propre. Cette double convergence souvent appréhendée du seul point de vue de l’apprentissage doit aussi être questionnée en termes d’affordance d’enseignement.

Permettre à l’élève de l’école maternelle d’accéder systématiquement, immédiatement et directement aux résultats ou aux effets de son action, c’est lui permettre de confirmer ou au contraire de modifier son action sur l’essai suivant. S’il n’y a pas, à chaque tentative, visibilité (conservation de la trace) et lisibilité (compréhension de cette trace) de réalisation de l’action, il ne peut y avoir apprentissage. Les consignes ou critères de réalisation, traduction directe de l’objectif moteur, ont pour seule légitimité de renseigner l’enfant sur cette trace de l’action motrice. Sa définition constitue pour l’enseignant un enjeu majeur pour déclencher l’apprentissage.

Parce que l’interaction corps – situation est autodéterminée, l’enseignant doit s’externaliser de cette bipolarité en favorisant l’auto et le co-apprentissage. Rendre les critères de réalisation auto-manipulables (Farault, 2017) focalise l’attention des enfants et favorise la spontanéité de leur affordance perceptive. L’enseignant organisera l’espace des circulations, la posture d’observation, les relations entre enfants afin qu’acteurs et observateurs s’imprègnent des critères de réalisation au point de transformer cette contrainte artificielle en intention d’action.

En contrepartie, l’activité de l’enseignant consistera à maintenir cette permanence et cette continuité de focalisation des enfants sur les critères de réalisation.

La situation d’apprentissage, en contraignant le corps de l’enfant à quitter le confort de la motricité sécuritaire habituelle, cherche à provoquer des rééquilibrations d’étirement et d’alignement (Farault, 2019). L’enfant, lui, ne perçoit pas ces coordinations réactives mais calibre les paramètres de son action motrice en fonction de ses capacités physiques et morphologiques. Pour l’enseignant, il s’agit, compte tenu des objectifs moteurs visés, d’ajuster en direct le dispositif matériel en fonction du corps gabarit des enfants (Farault, 2018).

Dans l’accompagnement des interactions corps – situation, l’enseignant doit hiérarchiser les aides utilisées. D’abord le langage corporel direct par des aides kinesthésiques et rythmiques, puis des remédiations imagées comme l’imitation et les consignes métaphoriques et enfin, à un niveau encore plus éloigné, l’oralité.

Conceptions didactiques et interventions pédagogiques sont les deux prismes d’une même réalité. On ne peut donc pas lister des modalités d’interventions standards et universelles applicables quel que soit le sport. Être spécialiste d’un sport, c’est aussi en maîtriser la pédagogie

Mots clés proposés par l'auteur : affordance, motricité, activités athlétiques, petite enfance

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