Quels dialogues entre l'intentionnalité et la motricité dans l'apprentissage d'habiletés motrices dans l'apprentissage d'habiletés motrices en EPS ? (2ème partie)

TESTEVUIDE SERGE - UFR STAPS Nantes , CEDRE/CEDREPS
Revue « Enseigner l’EPS » , 2011, vol. 253, 10-14

Présentation : Dans la 1ère partie de cet article, nous avions présenté un modèle de lecture de la motricité de l'élève comme étant un tout organisé selon trois niveaux de rencontre des habilités motrices. Le premier niveau, dit "sensorimoteur", renvoie aux régulations non-conscientes de la motricité : proprioception, tonus, tensions, régulation posturale, relation agoniste/antagoniste, etc. Un second niveau, dit "pré-réflexif", intermédiaire entre sensorimoteur et intentionnel, traduit le fait que certaines traces perceptives de l'action sont ressenties ou conscientisées par les pratiquants dans le cours même de leur action et peuvent être mises en mots, racontées pendant et après l'action (en fonction de la durée de l'habiletés). Il était alors possible d'accéder à ce vécu, notamment en jouant sur les paramètres du contexte par exemple, en provoquant des formes de verbalisation que l'enseignant ou un pair pouvait accueillir.

Le but de cette 2ème partie est de tenter d'éclairer ce que Paillard avait nommé l'idéomotricité ou ce que niveau nous avons identifié comme "intentionnel". Après avoir quasi exclusivement relevé du champ de la philosophie, la question de l'intentionnalité est un sujet qui a été abordé dans de nombreux domaines aujourd'hui. Elle est également l'objet de nombreuses controverses et de peu de productions dans le domaine de l'EPS. On peut retrouver, sur un sujet très proche, celui de la place de la conscience dans le mouvement, dans la revue "Hyper" un débat entre R. Murcia et J. Gaillard*.

Cette seconde partie se propose d'être une modeste contribution  à un sujet pourtant bien présent dans nos pratiques professionnelles. En effet, on remarquera que beaucoup d'éléments dans l'EPS "officielle", la prégnance d'une formulation des contenus d'enseignement, l'explicitation des règles d'action, l'accès aux connaissance, la capacité à comprendre ou du moins à se mettre à distance de l'action, se mettre en projet .... nous poussent à mobiliser ce niveau de contrôle de l'action, comme une évidence, ou comme produit d'une forme d'orthodoxie scolaire. Ce 3ème niveau de contrôle de l'action nous propulse donc au cœur d'une problématique qui hante l'EPS depuis très longtemps, celle du rapport entre le corps et l'esprit. Il s'agira ici de proposer une réflexion, fruit d'un itinéraire professionnel, visant à donner quelques repères à l'enseignant sur ce niveau de contrôle  de l'action motrice afin d'une part d'éviter quelques pièges liés à cette notion et d'autre part et surtout, pouvoir aider l'élève à transformer ses conduites motrices.

* : article initial de R. Murciaréponse de R. Gaillard (1ère et 2ème parties)

Mots clés proposés par l'auteur : action, conscience, contrôle moteur, neurophysiologie, auto-organisation

Mots clés : Revue , Apprentissage