Bistrot pédagogique « Quelle laïcité voulons-nous ? », avec Pierre Kahn et François Micheletti

Paris — Ile de France

Du 05/12/2024 au 05/12/2024

Cher·ères collègues et futur·es collègues,

Cette année, nous avons choisi d’orienter les débats de nos Bistrots pédagogiques sur des questions socialement vives1.
Après une première soirée centrée sur les finalités de l’École, avec Philippe Meirieu2, nous aurons le grand plaisir de vous accueillir jeudi 5 décembre (19h-21h30) au Lutèce3 pour échanger avec Pierre Kahn4 et François Micheletti5 sur la question de la laïcité6. Car cette dernière, omniprésente dans les prises de parole des responsables politiques7, nous interroge aussi concrètement dans nos pratiques professionnelles quotidiennes.

Ainsi, Pierre Kahn nous invitera à nous garder de la panique morale8 que la question laïque semble si souvent provoquer : « la "passion française" de la laïcité ne gagne rien à rester exclusivement passionnelle et profiterait beaucoup, en revanche, de l’effort d’y mettre un peu de raison. […] Je continue d’espérer qu’une analyse, même informée, même théorique, peut contribuer à éclairer une question si confusément débattue et qu’il n’est pas nécessaire de rester ignorant pour continuer à en débattre. »9

François Micheletti montrera quant à lui qu’« en tant que discipline d’enseignement au sein du service public du Ministère de l’Éducation nationale et de la jeunesse, l’EPS incarne à travers son identité disciplinaire et sa spécificité au sein de l’École les enjeux d’une République "indivisible, laïque, démocratique et sociale".
L
a liberté, l’égalité et la fraternité sont consubstantielles de la matrice disciplinaire de l’EPS qui donne du sens et du corps à ces principes républicains par l’acquisition de compétences motrices, méthodologiques et sociales.
C’est par l’éducation du corps par le corps que tous les élèves vivent et s’enrichissent d’expériences motrices mobilisant en acte des compétences psychosociales dans des contextes variés de pratiques physiques, sportives et artistiques en EPS et dans ses dispositifs sportifs et d’enseignement complémentaires.
La laïcité est donc vécue en acte en EPS, mais le rapport au corps qu’elle implique peut parfois confronter les enseignants à des dilemmes professionnels face à des situations d’évitement d’élèves refusant de s’engager et de s’exposer corporellement dans des contextes incompatibles avec leurs croyances religieuses. »


ATTENTION
, la participation (gratuite) à cette soirée sera soumise à une inscription préalable :

  • ouverte en exclusivité aux adhérent·es de l'AE-EPS jusqu'au dimanche 17 novembre (minuit) => (ré)adhérer à notre association est simple, rapide et sécurisé,
  • puis accessible à tout le monde à partir du lundi 18 novembre, en fonction des places encore disponibles.

Bien amicalement,

Stéphane Sapin — Président de l’AE-EPS Paris-Île-de-France,
Pour le groupe de pilotage régional

Nous écrire : aeeps.paris@gmail.com
Nous suivre sur « X » : @AeepsIDF
 
1. « Apparues dans les années 1980, les questions vives devenues "socialement vives" de par l’impact qu’elles suscitent sur les apprentissages, introduisent peu à peu, par leurs controverses et leurs incertitudes, une déstabilisation des savoirs enseignés et à enseigner, jusqu’à générer un conflit potentiel dans la transmission des savoirs et des valeurs à l’École. » Chauvigné, C. & Fabre, M. (2021). Questions socialement vives : quelles approches possibles en milieu scolaire ?, Paris, Armand Collin, p. 15.
2. Meirieu, Ph. (2024). Quel cap donner aujourd’hui à notre éducation ? Et quelle École voulons-nous ?, 57ème Bistrot pédagogique de l’AE-EPS Paris Île-de-France, Paris, Le Lutèce (mardi 24 septembre).
3. Le bistrot Le Lutèce se situe au 8 boulevard Saint-Michel, dans le 6èmearrondissement de Paris.
4. Pierre Kahn est philosophe et historien de l’éducation. Professeur émérite en Sciences de l’éducation à l’Université de Caen, il a été le coordonnateur du groupe chargé auprès du Conseil supérieur des programmes de la rédaction des nouveaux programmes d'enseignement moral et civique.
P. Kahn a publié en 2023, aux éditions ESF-Sciences humaines, Quelle laïcité voulons-nous ? Essai sur la laïcité et ses possibles (208 pages).
5. François Micheletti est Inspecteur général de l’éducation, du sport et de la recherche, groupe EPS.
F. Micheletti était intervenu en 2021, avec André Canvel, sur : Les valeurs au cœur du métier d’enseignant mises en perspective avec le concours du CAPEPS externe, 47ème Bistrot pédagogique de l’AE-EPS Paris Île-de-France, Paris, Le Lutèce (jeudi 23 septembre).
6. En 2015, nous avions déjà consacré un Bistrot pédagogique au thème de la laïcité : Auduc, J.-L. (2015). Les enjeux de la laïcité aujourd'hui, 26ème Bistrot pédagogique de l’AE-EPS Paris Île-de-France, Paris, Le Lutèce (jeudi 26 mars).
7. Lors de sa déclaration de politique générale devant les députés, le 30 janvier 2024, Gabriel Attal a par exemple affirmé dans la dernière partie de son projet pour l’École : « Réarmer notre École, c’est réaffirmer nos valeurs. Car je crois que la transmission du savoir est impossible sans respect de l’autorité. Sans respect de nos valeurs républicaines – au premier rang desquelles, la laïcité [...] On ne négocie pas avec la République. On l’accepte et on la respecte, en entier, sans, mais, sans la moindre exception ! ». Le 13 mars 2024, G. Attal a estimé que la laïcité était « menacée, probablement aujourd’hui plus que jamais. Elle a ses ennemis, ils sont politiques, religieux. Mais elle a aussi ses défenseurs : nos professeurs, nos fonctionnaires, nos forces de l’ordre. » (entretien avec l’Agence France Presse)
Dans sa déclaration de politique générale du 1er octobre 2024, Michel Barnier a à son tour annoncé, parmi ses « propres lignes rouges » sur les questions de société, qu’il ne tolérerait « aucun accommodement sur la défense de la laïcité ».
8. « Il y a panique morale, en somme, toutes les fois qu’est mis en scène le récit dramatisé et anxiogène de la République assaillie, que la critique se transforme en anathème, que les postures politiques emphatiques se prennent dans l’insouciance du droit, que les invectives ou les condamnations péremptoires se substituent aux arguments et les solennelles déclarations de principe au travail de l’analyse. » Kahn, P. (2023). Ibid., p. 22.
9. Kahn, P. (2023). Ibid., pp. 22-24.
 
 

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