Conférence dansée "Le vertige est source de plaisir"

LACINCE NELLY
6è Rencontre AEEPS/Montpellier -3è Biennale/AFRAPS , 2007

Résumé : Qui n’a pas jubilé en se balançant, tournant, s’élevant, puis en suspendant la sensation émergente d’une pratique corporelle pour la faire vivre le plus longtemps possible ?

La capter, la garder précieusement pour la faire revivre, la retrouver intacte plus tard

Cette jubilation corporelle n’appartient-elle qu’à l’enfance ?
Jusqu’où chacun de nous fait vivre ce moment corporel majeur ?
Ce moment a-t-il un sens pour accepter de vivre le quotidien ?
Le désir de jubilation engage-t-il le corps dans le risque, physique, affectif ?

La danse sera le support du questionnement pour tenter de répondre à ces questions. Un film mettra en images une femme qui sans le plaisir du corps ne pourrait poursuivre sa vie ordinaire. Tout est organisé dans sa vie pour ce prolongement du plaisir corporel. Poursuivre l’expérience, vivre toujours ces moments venus de l’enfance, de son éducation, de sa formation qui l’amène toujours à prolonger ce plaisir de vivre son corps.

Ce film renverra à d’autres questions, professionnelles celles-ci, envisageant la responsabilité des enseignants d’EPS que nous sommes, comme :

Dans un débat, nous chercherons, la place du vécu corporel que les cours d’EPS proposent. Nous questionnerons la pratique qui est proposée aux filles, est-elle de nature à laisser une trace durable de quête de plaisir ?

Trace durable donnant une force, un désir de poursuivre au delà du cours d’EPS ?

Dans cette conférence dansée, vous serez invités à repérer des indicateurs de plaisir autour du thème : Le plaisir à l’Œuvre.

L’hypothèse que nous défendons : La source du plaisir se trouve dans, le vertige que chacun désire percevoir pour se sentir exister et ainsi accepter le risque qui soutend l’émergence de réels instants de plaisir .

La théorie des quatre plaisirs :

  • Le plaisir normé, se mettre au diapason des attentes extérieures. Répondre aux attentes extérieures pour les satisfaire et en être récompensé selon une hiérarchie des réponses conformes.
  • Le sujet organise une résistance passive face à la situation proposée. Tous les systèmes institutionnels tentent d’installer le sujet dans cette forme de plaisir normatif. Parfois même il ne se préoccupe pas de ce plaisir minimum.
  • Le plaisir fuite, se mettre en dehors de ce qui est attendu pour sentir ailleurs ce que l’on recherche. Etre hors situation, hors norme.
  • Le sujet organise une résistance active à la situation.

Le plaisir partagé, construire ensemble la norme à venir régulant ainsi le vivre ensemble socialement, présent et à venir. C’est un plaisir de reproduction sociale et/ou de production sociale. C’est une valeur sûre pour l’avenir d’un groupe et son bien être.

Les sujets se mettent d’accord volontairement ou involontairement pour organiser une résistance active face aux menaces de rupture de l’un ou de l’autre dans le groupe. En général ce plaisir est orchestré par l’artisan visant à ce que réellement le plaisir de vivre ensemble se partage. La dimension sensible qui existe dans tous les plaisirs n’est plus orientée vers le sujet mais vers les actions du groupe orchestrées par un leader.

Le plaisir auto-centré et/ou auto-normé appartient au sujet lui même qui il décide dans la situation proposée de trouver quelque part les effets, forces externes et internes, de sa pratique quelles qu’en soient les conditions.

Le sujet met en place une résistance hyperactive en s’engageant sensoriellement dans la situation. Il part à l’affût du moindre indice utile à sentir ce moment corporel inoubliable. Il ouvre tous les canaux du sensible. Ce plaisir là est rarement autorisé en EPS ou plutôt rarement repéré car l’enseignant se livre à une captation permanente des compétences à acquérir ou acquises.

Le film que nous vous présentons offre la possibilité de débattre autour de la proposition des quatre plaisirs composant notre théorie.

La grille qui suit est faite pour vous aider, lors de moments de pratique, à qualifier ou situer ces moments correspondant aux quatre formes de Plaisir :

Quatre formes de Plaisir en action Résistance en présence :Ne produit aucune force Corporelleou vocale Résistance en présence :Reçoit des forces Corporelles ou vocales Résistance en présence :Transmet des forces-Corporelles ou vocales Résistance en présence :Reçoit et transmet des forcesCorporelles ou vocales Plaisir Normé Plaisir Fuite Plaisir Partagé

Plaisir Autocentréou autonormé Thème de discussion :

Le " Toucher " comme révélateur de Résistance dans l’action.

Les techniques d’accessibilité au plaisir se mobilisent selon trois formes essentielles pour lesquelles le sujet se met en mouvement :

  • Recevoir des forces pour sentir son existence dans l’action.
  • Transmettre des forces afin que le moment se poursuive.
  • Recevoir et transmettre des forces pour faire vivre l’action

Le but étant de sentir l’instant et ainsi le mettre en mémoire pour les expériences futures.

C’est ce que nous appelons l’Altérité corporelle, les forces en présence produisent la résistance, elles peuvent être offertes par la voix, les sons, les gestes, l’espace, le temps, les objets, les couleurs. Le sujet est touché par toutes ces présences à percevoir dans l’action.

La résistance s’installe selon :

  • le choix d’un type de force.
  • la façon dont elle est transmise,
  • la qualité synesthésique de la transmission
  • la qualité synesthésique de la perception de la force

Nous sommes dans une logique sensible de l’activité. L’intention corporelle est une intention de perception ou de transmission de sens par le toucher, sens supérieur de l’Homme.

… Le toucher est au corps ce que la parole est à la pensée…

Ainsi, cette communication dansée vise à mettre en questionnement les représentations ou opinions installées en EPS à propos de la pratique physique, où il semble que chacun pense que de toute façon, " tout corps plongé dans l’EPS est un corps qui prend du plaisir… " Pas sûr… Il y a un processus derrière…

Le processus sensible…