Cultiver le plaisir - Les émotions sportives sont-elles davantage positives que celles vécues au quotidien ?

DANTHOIS AURELIEN
CARTON-CARON ANNIE
6è Rencontre AEEPS/Montpellier -3è Biennale/AFRAPS , 2007

Résumé : Les émotions sont au cœur de nos comportements. Bébé, elles traduisent la première forme de relation avec les autres, adolescents elles révèlent l’intensité des remaniements psychologiques, adultes elles s’expriment encore et influencent considérablement nos décisions. Les connaître, pour mieux les réguler et les utiliser représente un enjeu développemental conséquent.

Bon nombre de contextes peuvent être le lieu pour étudier les émotions. Le domaine sportif, en est un parmi d’autres. Il a sa spécificité parce que le vécu émotionnel y est varié, intense parfois, parce que les émotions s’associent plus qu’ailleurs à des sensations corporelles qui en facilitent sa lecture. Mais le contenu du vécu émotionnel sportif est-il pour autant plus agréable que celui du quotidien ? Méthode

En s’appuyant sur un outil d’évaluation de la forme " Athlétest " crée par la ligue d’Athlétisme Nord-Pas-de-Calais nous avons construit un questionnaire d’auto-évaluation sur les émotions. 1213 élèves âgés en moyenne de 15 ans ont côté sur une échelle de 0 à 5 l’intensité des émotions vécues durant leur pratique d’évaluation, et durant les trois jours précédents la passation du test. Cinq émotions ont été retenues : trois émotions négatives (la colère, la peur, la honte) et deux émotions positives (la fierté, la joie). Résultats

Les analyses statistiques effectuées (t de Student) montrent des différences significatives entre le score émotionnel sportif et quotidien sur certaines émotions. La joie (p<.05) et la fierté (p<.01) sont davantage éprouvées dans le contexte sportif. Si l’on compacte ces deux émotions en émotions d’accomplissement (Scherer et Tran 2001) les résultats sont identiques. Sur le registre des émotions négatives, on obtient une différence statistique pour la honte (p<.001). Cette émotion étant davantage vécue au cours du test sportif. Enfin, on peut mentionner qu’il n’existe pas de différence entre le vécu émotionnel sportif et quotidien sur la colère et la peur. Discussion

La passation d’Athlétest fait vivre aux élèves des épisodes émotionnels plus agréables que ceux vécus au quotidien. La joie et la fierté sont davantage ressenties. Cependant, les sujets doivent faire face à une émotion désagréable : la honte. Il est possible que le mode de passation en petits groupes induise une comparaison sociale systématique facilitant le déclenchement de cette émotion. Les questions posées précisent que le manque de résultat et la perception d’une image corporelle jugée défaillante s’associent à cette émotion négative. Bibliographie

Scherer, K.R, et Tran,V. (2001). Effects of emotion of the process of Organization Learning. In I Nonaka (Ed ) Handbook of Organizational learning and knowledge, (pp 369-392).Oxford, UK : Oxford University Press