Plaisir et gestion de sa vie physique - Du plaisir immédiat au plaisir différé, entre dialectique et paradoxe

MIKULOVIC JACQUES - Université du Littoral Cote d’Opale, Laboratoire RELACS, ERSSS, EA4110
DUCHATEAU GUILLAUME - Université du Littoral Cote d’Opale, Laboratoire RELACS, ERSSS, EA4110
6è Rencontre AEEPS/Montpellier -3è Biennale/AFRAPS , 2007

Résumé : Les cours d’éducation physique constituent un lieu privilégié pour initier les adolescents à de bonnes habitudes de vie et, plus particulièrement, à la pratique régulière d’activités physiques. Une des tâches des enseignants est donc de permettre aux élèves de construire un habitus de santé positif. Ainsi, grâce à une recherche expérimentale menée durant deux années en collège nous avons tenté de situer les élèves d’une part sur un curriculum conatif santé et d’autre part sur un curriculum conatif de l’APS. Le lien nous permettant cette jonction étant le plaisir et plus précisément le rapport au plaisir qu’entretient l’élève avec l’activité. Ce médiateur qu’est le plaisir a été mis en évidence durant différents cycles en EPS, notamment par l’intermédiaire d’un questionnaire. Le but étant de relever des indicateurs, des indices nous permettant de supposer qu’effectivement les élèves avaient pris du plaisir. L’analyse de ce questionnaire nous a permis de déceler des traces de plaisir à 3 moments différent, avant le cours, pendant le cours et après le cours. Il s’avère qu’inévitablement l’élève doit parfois restreindre son plaisir immédiat et accepter de le différer pour favoriser sa santé. Prenons l’exemple de l’échauffement. Chacun sait que celui-ci est indispensable, il prépare de façon progressive l’organisme à l’effort, il prévient des blessures… Donc l’élève doit apprendre à s’échauffer afin d’éviter tout risques d’accidents. Il doit donc accepter de différer son plaisir, savoir qu’ainsi il aura moins de risques de se blesser et prendra plus de plaisir ultérieurement. De même nous constatons que le plaisir immédiat est omniprésent dans les étapes primaires du curriculum santé. L’élève s’implique immédiatement dans une recherche optimale de plaisir lorsqu’il débute l’activité. Cependant ce plaisir immédiat permet d’entrer dans l’APS donc d’évoluer dans une certaine dimension de l’habitus santé. Plus cet habitus de santé positif va évoluer au sein du curriculum, moins la recherche du plaisir sera immédiate. Nous avançons donc la thèse que le plaisir immédiat advient à une étape primaire mais dialectiquement permet de construire l’habitus santé. C’est paradoxalement à une étape avancée du curriculum santé que l’élève sera en mesure de différer le plus son plaisir. Une modélisation permet d’articuler les étapes conatives des différentes APS en parallèle des étapes d’éducation à la santé et du rapport au plaisir inversement proportionnel. A partir de l’étape technique du curriculum santé, les élèves accepteront de différer leur plaisir au profit d’une prévention, d’une optimisation de leur état de santé. Quand un élève maîtrise parfaitement une APS (situation à l’étape technique), il sera parfaitement en mesure de différer son plaisir, ainsi il progressera au niveau de son curriculum santé en priorité tout en continuant à évoluer au sein du curriculum de son APS. Certaine APS favorisent un plaisir immédiat et d’autres APS ou éléments relatifs aux APS, de par leur spécificité vont inévitablement différer le plaisir des adolescents (escalade, échauffement, relaxation…). Cependant, quel que soit le plaisir, l’élève progresse sur son curriculum d’éducation à la santé.