Plaisir et gestion de sa vie physique - L'expérience collective de colloq-2007-le-plaisir-en-eps l'exercice corporel aquatique chez les femmes enceintes

MIDOL NANCY - Maître de Conférences, HDR, Université de Nice), Laboratoire d’Anthropologie (LAMIC) Université de Nice Sophia Antipolis
MANIER CLAUDIE - Professeur Agrégé en EPS, Université de Nice , Docteur en Anthropologie
6è Rencontre AEEPS/Montpellier -3è Biennale/AFRAPS , 2007

Résumé : La communication que nous vous proposons découle de notre travail de thèse "Aspects socio-anthropologiques des Gymnastiques Aquatiques Prénatales au tournant du 21ème siècle, en France", soutenue en 2005 au sein du laboratoire d’anthropologie de l’université de Nice sous la direction de Nancy Midol. Nous avons, par le biais d’entretiens semi directifs et d’observations participantes, interrogé et observé les animateurs des pratiques d’exercices aquatiques pour femmes enceintes, mais aussi les personnels soignants (sages-femmes et médecins) prescripteurs ou conseilleurs de ces pratiques et nos investigations se sont étendues aux doctrinaires des GAP. La question sous-jacente à cette étude et qui invitait les personnes interviewées à parler librement, a permis, à travers les discours véhiculés par les protagonistes de ces pratiques, d’approcher les représentations, sociales (Jodelet, 1997) et culturelles (Sperber, 1997) des personnes interrogées. Ainsi a pu être révélée la nature des valeurs véhiculées au cours des gymnastiques aquatiques prénatales et a pu être compris, selon certains aspects, le rôle de l’expérience collective de l’exercice corporel dans le fondement de ces valeurs.

La méthode ARO, appliquée aux entretiens semi-directifs recueillis, montre que les adeptes des gymnastiques aquatiques prénatales investissent une morale du bien être et du plaisir dans leur pratique au détriment d’une morale de l’effort et de la souffrance ordinairement présente lors des accouchements. En opposant le mouvement lent, doux et facile au cours de l’exercice pour un corps relâché et ouvert au détriment d’un mouvement violent, rapide, nécessitant un effort et une dépense d’énergie importante pour un corps tonifié et fermé, c’est bien une culture du plaisir dans une nature bienfaitrice qui vient confronter la tradition chrétienne et culpabilisée d’enfanter dans la douleur.

L’observation participante montre que l’exercice corporel fonctionne, dès lors comme un rituel ou rite de passage (Van Gennep, 2000). Les femmes enceintes, parfois accompagnées de leur compagnon ou de leur mari, réunis autour de la sage-femme animatrice, apprivoisent et répètent, de manière imagée, l’expérience heureuse de la naissance de leur enfant. Le mouvement, volontairement doux, métaphorisé et symbolisé, conforte cette expérience et fait naître l’émotion fusionnelle. Les gestes et les comportements instinctifs situés au cœur de l’action façonnent le lien qui assure la transmission des valeurs entre les générations. Ainsi, nous présenterons deux exercices corporels collectifs, l’ "utérus" et le "petit train" afin de les soumettre à votre discussion.

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