Le plaisir des activités sportives - Les notions de plaisir dans l'observation du processus d'autoformation par la pratique du tennis et ses implications pour l'intervention en EPS

PETER JEAN-MICHEL - Enseignant STAPS - Université Paris René Descartes
6è Rencontre AEEPS/Montpellier -3è Biennale/AFRAPS , 2007

Résumé :

Notre projet d’intervention est de montrer qu’il y a dans l’apprentissage du tennis un plaisir résultant de l’exercice discipliné de nos gestes, de notre pensée, de notre sensibilité. Ce plaisir " immédiat " et " différé " est l’expression même de la joie d’être (Snyders , 2001).

D’un bout à l’autre de la galaxie tennistique en l’occurrence, du simple joueur amateur au professionnel le plus patenté et titré, il y a, au départ une passion commune et le plaisir de s’éprouver physiquement dans une jouissance " immédiate ". La perception et l’action se stimulent l’une l’autre, multipliant l’énergie déployée dans l’apprentissage de savoirs d’action (Barbier , 1996). Du même coup le tennis peut devenir un moyen d’apprentissage, source de l’unification et du développement de la personne (Rioux & Chappuis , 1974). Et si l’on suit la proposition d’Isabelle Queval, cette formation possible de soi par la pratique du tennis s’inscrit comme une nécessité pour développer dans chaque individu un désir et une capacité à se dépasser (Queval , 2004 ). S’entraîner devient alors un devoir, un art ou une éthique de vie, un travail méthodique sur soi pouvant aboutir au plaisir " différé " de mieux se connaître soi-même

Apprendre par le tennis, c’est analyser et synthétiser des faits, des vérités, des sensations ou des raisonnements qui vous étaient auparavant extérieurs, voire inconnus. Bien plus, il y a une éducation à une sensibilité intérieure, à un souci de soi. C’est un apprentissage des gestes, des raisonnements, des sensations, une philosophie de la vie. Reste à les examiner minutieusement, à connaître comment se diversifient, selon chaque apprentissage, les principes fondamentaux de ces savoirs d’action (Barbier & Galatanu , 1998). En d’autres termes, quels sont les plaisirs mobiliser pour se former à travers une pratique physique de loisir ? Peut-on se former en " jouant " au tennis pendant son temps de loisir ? Qu’apprend-on exactement ? Quelles sont les différentes dimensions de cet apprentissage ? Comment acquérir ces compétences ?

Pour étudier et interroger cette dimension dans les apprentissages sportifs, nous nous sommes fondé dans notre travail de thèse sur l’observation de parcours d’amateurs passionnés (Peter , 2006). Pour en analyser le sens, nous nous sommes posés une série de questions. Quelle est la part prise par le joueur lui-même pour orienter sa passion et en tirer profit ? En quoi la pratique assidue du tennis est un facteur de réalisation de soi, de sociabilité spécifique ?

A l’analyse des résultats, le regard du formateur dans le champ sportif et de l’école change. Dans tous les cas, un tel projet de formation relève d’une motivation individuelle de l’apprenant dans le désir de s’émanciper et d’apprendre par soi même, et de la capacité à savoir profiter des opportunités offertes par les réseaux de connaissances : un art de l’apprenance en quelque sorte. Par intervention dans l’action motrice, il faut entendre une démarche professionnelle mettant en œuvre des compétences au service du développement de la personne (Argyris & Schön , 1974 ; Carlier & Brunelle , 1998 ; Bui-Xuan , 2003).L’acquisition de ces compétences, dans tous les temps sociaux, devient le levier majeur de l’adaptation et du développement des individus dans les sociétés industrielles post-modernes (Sue , 1999).

  • Snyders, G. (2001). Le pari du plaisir- Un tour dans l’idéal ? In : Cahiers pédagogiques, 394, 13-15.
  • Barbier, J-M. (1996). Savoirs théoriques et savoirs d’action. Paris : Presses Universitaires de France.
  • Rioux, G. & Chappuis, R. (1974). Les Bases psychopédagogiques de l’éducation corporelle. Paris : Vrin.
  • Queval, I. (2004). S’accomplir ou se dépasser. Paris : Gallimard.
  • Barbier, J-M. & Galatanu, O. (1998). Actions, affects et transformations de soi. Paris : Presses Universitaires de France.
  • Peter, J-M. (2006). L’autoformation par les pratiques sportives de loisir. Analyse de cas dans la pratique du tennis. Thèse en Sciences de l’Education soutenue le 21 juin 2006 à l’Université Paris 5 René Descartes.
  • Argyris, C. & Schön, D.A. (1974).Organizational Learning : A theory of Action perspective. Reading-Mass. : Addison-Westley Publishing Co.
  • Carlier, Gh. & Brunelle, J. (1998). Pour une écologie de l’intervention éducative. In : Enseigner l’éducation physique au secondaire. Bruxelles : éd. De Boeck, p.10-35.
  • Bui-Xuan, G. (2003). Consonance et autonomie. In Si l’on parlait du plaisir d’enseigner l’éducation physique (sous la direction de G.Carlier), Montpellier : éd.AFRAPS. p.23-29 Sue, R. (1999). Dynamique des temps sociaux et processus éducatif. In : Traité des sciences et des techniques de la Formation (Sous la dir. de P.Carré et P.Caspar). Paris : Dunod, p.87-103.