Plaisir dans l'histoire en EP - La force et la joie: sport et éducation physique sous le gouvernement du Front Populaire - Entre considérations hygiénistes, humanistes et hédonistes

TARFOUS FATIA - ATER, Doctorante en STAPS, Atelier SHERPAS, EA 40 27, Université d’Artois, GEPECS, EA 36 25, Université de Paris V
6è Rencontre AEEPS/Montpellier -3è Biennale/AFRAPS , 2007

Résumé : Le 4 juin 1936, Léon Blum forme un gouvernement, dans lequel figure deux Sous-secrétariats d’Etat : le premier, consacré au sport est confié à Léo Lagrange, le second en charge de l’éducation physique à Pierre Dezarnaulds. Dès le 10 juin, Léo Lagrange fixe les grands axes de sa politique : " Notre but simple et humain est de permettre aux masses de la jeunesse française de trouver dans la pratique des sports, la joie, la santé et de construire une organisation des loisirs où les travailleurs puissent trouver une détente et une récompense à leur labeur. " Justifiés par le vote des lois sociales issues des accords de Matignon, ces deux entités ont pour vocation d’encourager le développement des sports et des loisirs. Une simple comparaison avec la Belgique, l’Italie ou l’Allemagne suffit à démontrer les carences de l’administration française en ce domaine. Elément de sauvegarde de la race, d’entretien de la santé, les sports et l’éducation physique doivent aussi constituer une alternative face aux dangers de l’urbanisation et de l’industrialisation, en devenant les rivaux " du sanatorium et de l’hospice ". Si ces fondements sanitaires ne constituent en rien une nouveauté (la lutte contre les fléaux sociaux étant leur caractéristique depuis le XIXe), leurs visées humanistes sont particulièrement valorisées par le pouvoir : moyen de " libération de la jeunesse ", les pratiques sportives en France ne feront pas l’objet d’une " caporalisation " visible dans les états totalitaires, où l’on considère qu’il ne peut y avoir d’armée moderne sans race athlétique. Léo Lagrange s’employant à bannir les routines d’une éducation physique fortement militarisée au profit de conceptions " naturistes ". C’est donc une politique largement fondée sur des valeurs humanistes, s’appuyant sur des fondements hygiénistes et revendiquant des intentions hédonistes que le gouvernement du Front populaire met en place, en considérant le sport, l’éducation physique, le tourisme, l’éducation populaire et les loisirs comme autant de moyens complémentaires et interdépendants. Le but de l’Etat étant de créer les conditions de l’épanouissement d’une " jeunesse saine pour une France heureuse ", et de permettre aux travailleurs mais aussi aux chômeurs de " trouver une détente et une récompense à leur labeur ", afin qu’ils retrouvent " le sens de leur dignité ".