Une éducation au plaisir de pratiquer : un enjeu pour l'EPS

LAVIE FRANÇOIS - Professeur agrégé EPS , Plaisir en EPS
GAGNAIRE PHILIPPE - Professeur agrégé EPS , Plaisir en EPS
Colloque : "Vers une éducation au plaisir de pratique. Orientation et pistes pédadogiques" , 2014

LAVIE François 

GAGNAIRE Philippe

Professeurs agrégés d’EPS, Clermont-Fd
Co-responsables du groupe ressource « Le Plaisir en EPS » au sein de l’Association pour
l’Enseignement de l’EPS (AE-EPS).

Une éducation au plaisir de pratiquer : un enjeu pour l’EPS
L’école doit-elle prendre en charge l’éducation au plaisir de pratiquer ? Oui, car une des finalités majeure de l’EPS devrait être de communiquer le goût durable de pratiquer pour
lutter contre la sédentarité. Nous adhérons à la théorie (Perrin, 2007) selon laquelle, il y a un lien étroit entre le plaisir d’agir et l’adhésion prolongée à une activité physique. Il est alors
indispensable que les élèves cultivent du plaisir à pratiquer en cours d’EPS.
Or les programmes, centrés sur les compétences attendues, génèrent une didactisation « froide » qui relègue à un second plan toute prise en considération du plaisir d’agir. Pourtant,
le plaisir est non seulement un levier d’apprentissage efficace mais surtout un puissant générateur de confiance et d’estime de soi.
La compréhension du processus plaisir-déplaisir peut expliquer les tendances à l'action (effort) ou à l'inaction (apathie) d'une personne. La réplique de ce processus favorise ou non
son épanouissement (Lavie & Gagnaire, 2014).
Ainsi la question de l’éducation au plaisir de pratiquer n’appelle pas une réponse didactique mais pédagogique ! Comme le souligne Parlebas (1991), « Toute intervention éducative
repose sur des finalités indépendantes des procédures didactiques ». Toutefois une éducation ne peut pas fonctionner à vide au risque de n’être que vertueuse.
Pour la mettre en œuvre nous proposons une pédagogie de la mobilisation qui articule les apprentissages proprement dits en EPS et l’éducation au plaisir de pratiquer. Elle s'appuie sur
deux préceptes :
- Susciter assez rapidement du plaisir d’agir, de pratiquer dans une APSA
- Faire entrevoir un espoir de plaisir plus élaboré (et pas nécessairement plus intense)
Cette pédagogie concilie de manière équilibrée les aspects formatif et éducatif de l’EPS. Le volet formation pour développer la puissance d’agir de l’élève c’est-à-dire l’acquisition de
compétences pour gérer sa vie physique et sociale de manière autonome. Le versant éducation pour augmenter sa puissance d’exister, contribuer à son épanouissement personnel et
alimenter sa relation de plaisir à la pratique physique, ici et maintenant pour ailleurs et plus tard.
L’enjeu est de taille pour l’EPS car si cette éducation au plaisir se réalise, elle formera davantage de pratiquants à profil hédoniste plus enclins à s'entretenir de façon régulière.

Bibliographie

Lavie F. et Gagnaire P. (2014), Éducation au plaisir de pratiquer : un enjeu pour l’EPS, Revue Enseigner l’EPS, 262, 5-9.
Perrin, C. (1993), Analyse des relations entre le rapport aux APS et les conceptions de la santé, STAPS, 31, 21-30.
Parlebas P. (1991), Didactique et logique interne des activités physiques et sportives, Revue EP.S., 228, 9-14.

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