Plaisir enseignant / élève - Le plaisir en EPS : qu'en pensent les élèves ?

BORDES PASCAL - Laboratoire " Motricités, cultures et sociétés ", axe 5 du GEPECS, EA 3625, Université Paris-Descartes
6è Rencontre AEEPS/Montpellier -3è Biennale/AFRAPS , 2007

Résumé : La question du plaisir pris par les élèves lors des cours d’éducation physique est une question à la fois banale et centrale. Banale parce que la mise en jeu corporelle dans ce que l’on appelle les activités physiques et sportives est indissociable des sensations positives que le pratiquant en retire. Centrale parce que la discipline d’enseignement " éducation physique et sportive " ne peut pas ne pas osciller entre le Charybde du sérieux et des efforts nécessaires à consentir pour apprendre des contenus précis, sanctionnés, et le Scylla de la seule libération des affects, de la chaleur du groupe ou de la spontanéité motrice.

Si, en EPS, la place à accordée au plaisir est l’objet de nombreuses prises de position, la parole des élèves reste, le plus souvent, la grande absente de la réflexion.

Notre travail recentre le propos sur le plaisir pris par les élèves en cours d’EPS. Il s’agit d’une enquête par questionnaire menée auprès de trois cents élèves de collèges de la région parisienne. Les deux variables indépendantes choisies sont le sexe et le niveau de classe (6ème et 3ème). Les questions portent principalement sur l’évaluation, sous forme d’échelle numérique, de moments ou de situations vécues en cours d’EPS ; formes de regroupement, type de travail proposé, nature des activités enseignées…

Les résultats enregistrés font apparaître un engouement massif, quelle que soit la variable, pour la discipline EPS, l’EPS est source de plaisir et se retrouve plébiscitée au point d’être très majoritairement classée devant les autres matières scolaires. S’agissant des différents moments générateurs de plaisir, un ordre s’établit entre les situations de match, les exercices et les temps d’évaluations. De même, le type d’activité pratiquée fait apparaître une tendance forte ; les activités d’opposition sont préférées aux activités de coopération, elles-mêmes classées devant les activités individuelles. Enfin, la question de la mixité aboutit, elle aussi, à un ordonnancement strict ; le plaisir pris au fonctionnement " démixé " est supérieur à celui ressenti dans une mixité systématique ; la mixité ponctuelle venant se classer entre ces deux options.

Si l’on s’intéresse aux deux variables indépendantes retenues, l’on constate que les moyennes obtenues par les élèves de sixième sont toujours supérieures (et statistiquement significatives) aux moyennes obtenues par les élèves de troisième. Il en est de même s’agissant de la variable " appartenance sexuelle ", les garçons déclarant toujours plus de plaisir que les filles. En revanche, l’ordonnancement général des réponses reste très proche, quelle que soit la variable considérée. Autrement dit, s’il y a bien des différences de degré dans les réponses apportées, la tendance générale reste la même.

En complément à ce questionnaire " classique " , nous avons utilisé la méthode des " comparaisons par paires " pour tenter de cerner au mieux la notion de plaisir et en repérer ses principaux constituants. Nous avons soumis aux élèves une liste de cinq termes, puisés dans la littérature relative au plaisir en EPS et adaptés en fonction d’entretiens préalables. Cette fois encore un ordonnancement se fait jour qui n’est pas affecté par les deux variables indépendantes considérées. Le triplet ; " être avec ses amis ", " progresser ", " s’amuser " est celui qui remporte nettement le plus de suffrages, devant les termes " se bouger " et " gagner ". Si l’on se reporte aux travaux nord-américains, la distinction entre éléments intrinsèques et éléments extrinsèques perd de sa cohérence. Dans notre enquête, ce n’est pas le progrès personnel qui apporte le plus de plaisir aux élèves, mais c’est un facteur social (extrinsèque) qui remporte la préférence. Peut-être faut-il voir ici un effet lié à la culture d’appartenance des répondants ?

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Bibliographie :

  • Corps et culture, (1997). Plaisir du corps, plaisir du sport, Montpellier.
  • Delignières, D. et Pérez, S. (1998). " Le plaisir perçu dans les activités physiques et sportive : élaboration d’un outil d’évaluation ", STAPS,,45,7-17.