Le plaisir en EPS - Le plaisir en EPS dans les apprentissages méthodologiques

MASCRET NICOLAS - Professeur agrégé EPS, Faculté des Sciences du Sport, Marseille , Doctorant de troisième année en sciences de l’éducation, Université de Provence , CEDRE/CEDREPS
6è Rencontre AEEPS/Montpellier -3è Biennale/AFRAPS , 2007

Résumé : Les élèves difficiles ont souvent tendance en EPS à délaisser tout ce qui n’est pas directement lié à la pratique motrice, comme la prise de recul sur sa pratique ou les rôles sociaux. N’y voyant aucun intérêt, ils n’y prennent pas de plaisir, ils ne s’investissent pas, car ces élèves développent un rapport au savoir " émotionnel et signifiant " (Therme, 1995). Ce rejet est renforcé par le partage d’émotions communes dans le même groupe social : comme les camarades rejettent ce pôle méthodologique, l’élève anticipe des émotions négatives relatives à sa propre exclusion s’il ne fait pas comme eux. Pourtant, ce pôle est fondamental en EPS aussi bien pour réguler son activité motrice que pour acquérir des compétences méthodologiques. Il constitue également une exigence institutionnelle, aussi bien dans les programmes disciplinaires que dans les textes officiels qui régissent le système scolaire dans son ensemble.

L’objectif de la communication est d’identifier les conditions qui permettent aux élèves difficiles de prendre du plaisir dans et par les apprentissages méthodologiques. Bien souvent en EPS, les élèves sont chargés d’observer un camarade ou une équipe avec lesquels ils vont prochainement s’affronter. Quel est alors l’intérêt de bien observer, voire de donner des conseils à un futur adversaire ? Les élèves " scolaires " vont quand même remplir ce rôle sans grande conviction, les élèves plus difficiles peuvent quant à eux manifester des réactions de rejet plus ou moins prononcées. Dans tous les cas, le plaisir ressenti sera faible ou inexistant. Pour tenter de dépasser cet écueil, en proposant une entrée dans l’activité et une certaine forme de pratique du badminton pour des élèves de sixième d’un collège " Ambition Réussite ", nous allons tenter de mettre en place un processus de coordination sociale entre un joueur et un coach, destiné à impliquer l’élève dans son rôle de coach, à le solidariser avec le joueur qu’il est en train d’observer.

Nous mettrons en évidence dans cette relation trois formes de plaisir sur le pôle méthodologique. Dans un premier temps, nous analyserons le plaisir du partage social des émotions (Rimé, 2005) entre le joueur et son coach, notion qui renvoie à la tendance de tout être humain à communiquer avec son entourage à propos d’une émotion qu’il vient de ressentir, comme cela peut être le cas lors d’une pratique sportive. Nous étudierons ensuite une autre forme de plaisir que nous appelons le plaisir par procuration : l’élève coach va ressentir des émotions à travers les actions du joueur qu’il observe lors d’un match. Enfin, nous analyserons le plaisir que peut ressentir un élève lors de la réussite de son projet d’apprentissage.

L’analyse des résultats de notre travail permettra dans un premier temps de montrer que l’investissement des élèves sur le pôle méthodologique témoigne du plaisir qu’ils ont pu progressivement ressentir dans celui-ci. Dans un second temps, la réalité des apprentissages méthodologiques des élèves peut laisser espérer l’émergence du plaisir d’apprendre sur ce pôle. En liant ces constats au plaisir de la pratique motrice et de l’apprentissage moteur, l’enseignant pourra ainsi envisager la formation complète d’un élève physiquement éduqué en EPS, pouvant pratiquer à l’extérieur de l’école de façon un peu plus réfléchie tout en conservant le plaisir de la pratique motrice.

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