Influence de la "coloration émotionnelle des typologies de pratique sur l'implication physique des élèves lors d'un cycle de badminton en EPS

DIEU OLIVIER - PRAG EPS, Université Lille, Université Artois; Universtié Littoral Côte d'Opale, Lille (59) , Docteur STAPS
LLENA CLEMENT - Professeur EPS, Université Lille, Université Artois, Universtié Littoral Côte d'Opale, Lille - LACES, Laboratoire "Culture, Education, Société", Bordeaux , Doctorant STAPS
Les dossiers "Enseigner l'EPS" , 2019, vol. 5, 38-41

Résumé : Le « plaisir » ressenti lors d'activités physiques peut être conçu comme une construction sociale liée à des typologies de pratiques (Jeu, 1977 ; Pociello, 1995). En EPS, des classifications existent pour catégoriser les activités physiques et sportives en modifiant leurs formats traditionnels afin de générer des émotions positives. Gagnaire et Lavie (2010) définissent trois formes de tâches, proposant des mobiles différents, qui suscitent diverses émotions : le « défi », valorisant la confrontation, la « rencontre » où la convivialité prévaut autour d'un projet commun et l’« épreuve », induisant  un challenge personnel.

Récemment (Dieu et Potdevin, in press), nous avons mesuré l’effet de ces différentes typologies de tâches sur le plaisir déclaré et la quantité d’activité physique d’élèves, lors d’un cycle de badminton en EPS. Ces derniers ont successivement vécu : la montante descendante (défi), la ronde italienne (rencontre) et le match à handicap (épreuve). A la lecture des principaux résultats, la « rencontre » n’apparait pas comme un format magique pour mobiliser les filles et l’épreuve démobilise les élèves les plus habiles. Ainsi, en termes d’implications pratiques :
Premièrement, « enfermer » les filles dans une « éducation des filles » basée sur l'affiliation ne semble pas prometteur, car la coopération n’est pas la clé de l’engagement physique. Cela porte la vigilance sur certaines formes d’enseignement du badminton scolaire dans lesquelles on cantonne souvent les filles…

Deuxièmement, cette étude questionne la gestion de l’hétérogénéité dans les sports d’opposition. Aménager artificiellement le rapport de force pour faire jouer ensemble des élèves de niveaux différents (handicaps de score) afin de rétablir l'égalité présente des limites. Cela n'augmente pas la quantité de mouvements des filles ou des « joueurs moins habiles », en revanche cela réduit l’activité des garçons et notamment des garçons les plus habiles. Pour faire bouger les élèves en EPS, mieux vaut privilégier des équipes hétérogènes en conservant l’équilibre du rapport de force (comme en « ronde italienne ») que chercher à rétablir artificiellement le rapport de force entre 2 joueurs de niveaux différents.

Ainsi, si la valence « coopérative » du badminton n’est pas magique pour mettre les adolescents en mouvement, elle présente des intérêts : (1) en termes de gestion de l’hétérogénéité, et (2) en termes d’alternative motivationnelle par rapport à la traditionnelle « Montante-descendante ».

En définitive, le badminton est intéressant en éducation physique parce qu’il s’agit d’un sport multiformat (simple, double, mixte), peu médiatisé, ce qui permet de nombreuses modifications de la pratique sans altérer l’intérêt des élèves. Réhabiliter les formes de jeu qui ont fait le succès du badminton à l'école : jeu en double, en équipe (mixte), peut être l'occasion de concerner l'hétérogénéité des « sensibilités au plaisirs » et augmenter ainsi le mouvement consenti en éducation physique.

Mots clés proposés par les auteurs : mobiles, activité physique

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