La leçon au prisme de l'analyse de l'activité des enseignants et des élèves

SAURY JACQUES - professeur des Universités, UFR-STAPS, Nantes
, 2012

La Régionale AE-EPS de Nantes dans le cadre d'une journée dont le thème était "Evolution de la leçon d'EPS d'hier à aujourd'hui"  avait invité en novembre 2012, J. Saury, professeur des Universités à l'UFR-STAPS de Nantes.

  Ce dernier a présenté une contribution sur l'appropriation des "modèles" de la leçon d'EPS par les enseignants dans leurs pratiques de classe en s'appuyant sur les travaux de recherche menés depuis plusieurs années dans ce que l'on nomme "l'action située" et plus particulièrement sur la réflexion menée par N Gal.Petitfaux lors de la soutenance de son HDR.

La double réalité de la leçon d’EPS balancée pour ne pas dire écartelée entre les modèles réifiés de la leçon et la pratique vivante dans la classe. La leçon est avant tout une unité opératoire d’enseignement visant à faire apprendre des contenus de programmes identifiés s’intégrant dans un cycle d’apprentissage (M. Delaunay, 2000) :

L'approche "classique" de la leçon nous pousse à envisager ces modèles  comme un idéal à atteindre et la leçon pratique est alors une leçon « dégradée » présentant un écart avec la leçon idéale alors que chaque enseignant en éprouve leurs limites lorsqu’on les confronté à la pratique des classes.

Cependant, les contenus dispensés ne peuvent être séparés des interactions entre élèves, des formes d’organisations spatiales …N. Gal-petifaux les nomment : la configuration d’activité collective = interdépendance d’éléments qui forment des « espaces d’actions encouragées » au potentiel plus ou moins important des apprentissages scolaires. Ces configurations échappent parfois partiellement au contrôle de l’enseignant.

Ces modèles doivent être considérés comme « délimitant » des marges de manœuvre à l’intérieur desquelles s’organise une pratique collective singulière.

En s'appuyant sur une recherche récente (O.Vors, 2011), recherche qui s’intéresse aux enseignants « réussissant » dans des situations d’apprentissage difficiles, on peut observer que les interactions enseignants-élèves sont fondés sur un double processus d’ostension/masquage : l’enseignant insiste sur les contenus, le travail, l’apprentissage et masque les interventions de contrôle de la classe. Les élèves en parallèle, mettent en visibilité le travail et leur réalisation des tâches demandées et masquent leurs transgressions. C’est un équilibre subtil entre 3 seuils de tolérance :

  • rapport travail/transgressions
  • risques de sécurité
  • conflits

C’est parce que l’enseignant enseigne « coûte que coûte » que la leçon est réussie et que les élèves restent dans un processus d’apprentissage.

La conférence se poursuit en se posant la question suivante :  Que peuvent être des « leçons d’EPS » du point de vue de l’expérience des élèves ? L’expérience des élèves est liée : à des histoires de la classe (habitudes, routines…) et à des histoires circonstancielles (interactions, tâche particulière…).

Pour engager les élèves dans les apprentissages il faut créer :

  • des environnements qui favorisent la construction « d’expériences typiques » (points banco, créer des liens, attracteurs qui guident vers l’activité attendue…)
  • des dispositifs qui aident la construction d’histoires collectives d’apprentissages (créer des rendez-vous datés = projet final de restitution collective, interactions coopératives au sein de groupes durables…)

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