De la prétention de juger de la totalité d'un film, à la lecture de quelques images

BODA BERNARD - IA IPR EPS, Académie de Paris
, 2007

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Résumé : Les gestes professionnels des professeurs d’EPS n’auraient de sens que rapportés aux contextes singuliers dans lesquels ils s’expriment. Cette conviction est nourrie par trente cinq ans d’expériences professionnelles dans différentes professions, fonctions et engagements associatifs, par plus de mille inspections effectuées dans trois académies différentes. Ces gestes sont autant d’actions situées et renvoient à l’histoire des acteurs en présence, principalement élèves et professeurs, soit en leurs singularités respectives, soit en leur ensemble constitué, classe et équipe pédagogique, soit enfin au regard du cadre de leur exercice qui subsume tout.

Nous partirons de trois expériences marquantes. Elles renvoient à trois niveaux de contexte. La première intéresse une situation d’enseignement en collège où le placement invariant d’un professeur pendant la majeure partie de la séance peut laisser entendre un désintérêt pour les réalisations de la majorité de la classe. La deuxième met l’accent sur la représentation d’un jeune professeur, portant sur les conditions à satisfaire prioritairement pour aboutir à la réussite des élèves dans le travail proposé. Pour lui, qualité de la transmission des consignes et explications y affèrent sont génératrices d’efficacité. Pourtant, le temps global d’action motrice chez les élèves est particulièrement faible. Il s’agit là d’un geste prototypique de ceux manifestés par de jeunes professeurs au quatrième échelon. Enfin, nous témoignerons de deux cultures professionnelles contrastées. L’une en lycée accueillant des populations scolaires « favorisées », l’autre en collège devenu « ambition réussite ».

Chaque inspection est l’occasion de « visionner » quelques images d’un film constitutives des histoires partagées des différents acteurs et agents de la discipline. Ces images n’en sont pas l’hologramme. Aussi il importe d’engager un dialogue avec le professeur où il lui sera permis d’exprimer ses ressentis, de faire valoir des liens entretenus avec ses collègues, la classe et certains élèves en leur singularité ?

Nous conclurons par :

  • des mises en garde portant sur :
    • des manières d’observer les gestes professionnels et de les interpréter ;
    • la conduite d’entretien post inspection. Comme on peut le souhaiter pour les jurys de concours, c’est, en tant qu’inspecteur, se présenter l’esprit le plus ouvert possible à la parole d’autrui pour mieux le comprendre là où il en est de sa professionnalité.
  • une manière de considérer l’acte d’inspection comme :
    • l’évaluation factuelle d’une efficacité appréciée, dans un contexte singulier (synchronique et diachronique), autorisant des conseils susceptibles d’être entendus en permettant l’amélioration ;
    • le moment, pour l’inspecteur, d’apprendre des professeurs comme eux-mêmes peuvent apprendre de leurs élèves.
 

L’ensemble des inspections menées en treize ans conduit au montage d’un film avec ses zones d’ombre et d’apparente pleine lumière ; il s’en dégage une diversité des mobiles d’agir et paradoxalement une typologie qui fait référence. Elle amène à considérer qu’il n’y a pas en soi de « bons gestes », même si leur appréciation conduit à distinguer ceux parmi les plus efficaces. Cette identification et les conditions de leur émergence sont susceptibles d’éclairer des orientations à promouvoir en formation initiale et continue.

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