Pour que tous les élèves apprennent en EPS! Un changement de paradigme en demi-fond pour une expérience corporelle constructive, positive, et réussie par tou(te)s.

TESTUD EMMANUEL - Professeur EPS, Collège Lafayette, Le Puy (43) , EPIC
ROSSI DAVID - Professeur EPS, Lycée Raynouard, Brignoles (83) , EPIC
Les dossiers "Enseigner l'EPS" , 2017, vol. 3, 149-152

Résumé : Souhaiter que tous les élèves apprennent en EPS, c’est implicitement et inévitablement reconnaître qu’un certain nombre n’apprennent pas ou peu !

La démonstration est réalisée en demi-fond par le rapport annuel de l’évaluation  aux bacs, CAP et BEP en EPS (session 2015). Pourquoi certains réussissent et d’autres non ?  Nous postulons que l'hétérogénéité en demi-fond est d'abord une question de sensibilité à l'effort … avant d'être une question de ressources (Testud E., Rossi D., 2017). Ceci nous amène à envisager différemment les fondements de l’expérience « singulière » du coureur demi-fond : un tel rapport ne se prescrit pas mais se construit par le développement du registre de sensibilité du pratiquant (Recope M., 2013).  L’activité technique du coureur de demi-fond n’est pas de même nature que celle d’un sportif engagé dans une course contre la montre, dans une tentative du record de l’heure ou de celle d’un coureur lors d’une séance de développement de sa condition physique ! La dimension anthropologique de l’activité des coureurs y est fondamentalement différente de celle du demi-fond, car l’Autre n’y est présent que de façon différée, il n’organise pas (ou alors que très peu) les stratégies de mobilisation de ses ressources… Or le demi-fond n’est pas une pratique culturelle vide d’interactions sociales (Berteloot A., Sève C., Trohel J., 2010). Que doit-on apprendre en demi-fond ?  Comment les élèves s'y prennent-ils pour apprendre ce que leur propose l’enseignant ? Mais aussi comment l'enseignant s'y prend-il pour faire en sorte que les élèves apprennent ce qu'il projette pour eux ? Notre approche se situe en continuité avec l'expérience vécue par les élèves à l’école primaire et définit des apprentissages essentiels dans une modalité de pratique en peloton au collège. La construction de matrice de performance constitue le cœur de la compétence en demi-fond, ce qui permettra à l’élève de réussir sa course en assumant sa responsabilité de lièvre au sein de son équipe. Ainsi nous proposons une alternative aux formes de pratiques actuelles dominantes en demi-fond. En continuité avec les travaux du groupe EPIC,  nous présenterons au service de cette modalité de pratique un ensemble d’indicateurs de référence originaux qui révèlent, de notre point de vue, ce qui est « en jeu » de manière essentielle dans l’activité d'apprentissage des élèves. L'utilisation de ces indicateurs par les élèves et l'enseignant révèle le climat collaboratif, et citoyen que nous souhaitons donner à notre enseignement. Quels sont les enjeux ?  Quelle est la contribution essentielle de l’EPS, en appui sur le demi-fond, à l’acquisition d’un socle commun de connaissances, de compétences et de culture ? Notre principal objectif est de travailler sur le développement d’une sensibilité à l’engagement dans l’effort en demi-fond. L'activité d'apprentissage des élèves trouve alors du sens au regard de la nature l’expérience qui lui est proposée et du contexte d’évaluation qui l’accompagne et qui transforme radicalement le rapport anthropologique à cette activité.

Par la dimension sociale qu’elle véhicule, et la différenciation pédagogique des voies de réussite, ces propositions, loin de réduire l’EPS à une simple séquence de TP au service d’une validation des domaines du socle, en font au contraire une voie originale et spécifique de la construction d'un « socle par corps » et illustre une conception d'un socle « incarné » (Testud E., Rossi D., à paraître).

Sur la même thématique...