Evaluer et observer à la maternelle : deux approches complémentaires pour réguler l'enseignement et l'apprentissage

MOUGENOT LUCIE - Professeure agrégée EPS, ESPE Amiens, , CAREF , Plaisir en EPS
Les dossiers "Enseigner l'EPS" , 2016, vol. 2, 196-199

Résumé : À trois ans, les enfants vivent leur première année de scolarité. L’acquisition de la compétence « devenir élève » est centrale, quels que soient les situations ou domaines proposés. En effet, les enfants de cet âge jouent la plupart du temps seuls, entrent peu en interaction les uns avec les autres et recherchent un plaisir immédiat qui entre parfois en contradiction avec les consignes données par l’enseignant. Le sens des apprentissages est essentiel pour obtenir l’adhésion de tous. L’enseignement quotidien de l’éducation physique est un moment clé dans lequel les apprentissages moteurs sont décisifs et étroitement liés à l’acquisition de compétences sociales, à la construction de règles pour apprendre à vivre ensemble. L’évaluation à la maternelle se doit alors d’être « positive » (BO n°2 du 26 mars 2015), c’est-à-dire uniquement formative (Talbot, 2012) en ciblant d’abord les réussites de l’enfant. L’enseignant valide ce qui est acquis en respectant le rythme de chacun ; il définit des critères d’évaluation qualitatifs qui vont lui permettre d’évaluer la progression des enfants en fonction des objectifs poursuivis.

Cette proposition vise à donner un exemple d’évaluation que l’on peut mettre en place en petite section dans un jeu collectif de manipulation d’objets à partir de critères observables. Il ne s’agit pas d’évaluer les enfants à la fin d’une séquence, mais dès le départ pour se centrer avant tout sur leurs capacités et utiliser l’évaluation comme moyen de régulation. Cette proposition se focalisera sur deux éléments fondamentaux : d’une part, nous montrerons que l’évaluation prévue ne peut faire l’impasse d’une observation plus spontanée des élèves en action (De Ketele, Gérard et Roegiers, 1997), puisqu’à cet âge les comportements observables sont peu prévisibles. D’autre part, nous montrerons que l’évaluation se construit dès le début d’une séquence d’apprentissage et qu’elle nécessite la mise en place d’une situation de jeu adaptée aux capacités des enfants, pour qu’ils puissent dès le départ être en réussite et s’investir dans la durée.

À partir d’une vidéo prise en deuxième séance d’une séquence de jeu, nous ferons la distinction entre les critères d’évaluation anticipés,  et la nécessaire observation spontanée de l’enseignant pour proposer une régulation différée (Allal, 1988) et faire évoluer les conduites motrices : les données recueillies seront présentées en termes de prérequis, d’acquisitions, et non en termes de manques ou de difficultés. Les pistes que nous proposerons mettront en avant le caractère embryonnaire de la situation de départ, qui permet à la fois de faire réussir le groupe classe dès le début, de faire état des capacités des élèves, et de faire évoluer les conduites en fonction des observations menées.

Mots clés proposés par l'auteure : différenciation, jeux collectifs, évaluation formative, observation spontanée

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