Une pédagogie de la mobilisation en escalade : une classe de première professionnelle au sommet de l'Everest

CHEVAILLER NICOLAS - Professeur EPS
Les dossiers "Enseigner l'EPS" , 2019, vol. 5, 82-87

Résumé : A partir d’un questionnaire passé à 1000 élèves permettant d’identifier leur sensibilité face au plaisir dans la pratique, un module d’escalade a été proposé avec des propositions différenciées pour optimiser la mobilisation de chacun. Je me suis intéressé, plus particulièrement, à la classe de première professionnelle gestion et administration (1GA). Cette différenciation s’appuie sur le travail du groupe « plaisir en EPS » de l’AE-EPS au travers du concept de la pédagogie de la mobilisation (Lavie & Gagnaire, 2014). Nous partons des ressources des élèves et du sens profond qu’ils accordent à l’action pour favoriser un plaisir d’agir et un désir de mieux agir. Nous proposons un parcours d’expériences formatrices construit à partir des préoccupations motrices des élèves. Notre réflexion prend appui sur les cinq étapes adaptatives du curriculum conatif (Bui-Xuân, 2010). Parallèlement, nous questionnerons la pluralité du plaisir qui s’éprouve avec des sensibilités différentes, selon la singularité de chacun, qui peuvent s’entremêler ou s’associer (Lavie 1 Gagnaire, 2014).

Ce parcours d’expériences motrices se construit à partir d’une approche globale, la pratique initiale. Le défi de la classe est de le gravir l’Everest collectivement, en partant du premier camp de base situé à 5270 mètres. Il leur reste à parcourir 3578 mètres de dénivelé positif. Chaque voie grimpée contribue à faire avancer la cordée riche de 19 élèves. Chacun participe à la hauteur de ses possibilités à la réussite commune. Cette pratique culturelle fédératrice (PCF) (Delboé, 2018) regroupe toutes les formes de plaisir et favorise la réussite de chacun d’eux. Sa pratique est jalonnée d’indicateurs explicites qui le renseignent en direct sur la nature de ses réussites. Le focus de notre fiche d’observation se porte sur l’action des membres inférieurs (propulsion) et sur les membres supérieurs (équilibration). En identifiant ses propres besoins, l’élève devient acteur de sa formation grâce à une « dévolution » de l’autorité enseignante en sa direction. L’enseignant propose, suite à cette PCF, une évolution du mode initial de pratique. Il présente plusieurs pratiques spécifiques associant une étape du processus conatif et une forme de plaisir en laissant aux élèves le choix de se positionner librement. Des va et vient réguliers entre la PCF et la pratique spécifique lui permettent d’éprouver ses progrès et d’adapter les apprentissages en fonctions des nouveaux besoins identifiés.

En conclusion, ce glissement de l’élève actif vers l’élève acteur n’est possible que grâce à une « dévolution » de l’autorité enseignante vis-à-vis de celui-ci. Le parcours d’expériences motrices permet, grâce à une expérience culturellement signifiante et émotionnellement forte avec une organisation des élèves en interdépendance, à celui-ci de faire des choix librement en fonction de ses préoccupations motrices et de sa recette personnelle du plaisir.

Mots clés proposés par l'auteur : mobilisation, préoccupation

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