Bistrot péda. n°5 : « L'évaluation en question », avec Corinne Croc
Corinne CrocProfesseure de mathématiques, Membre de Comité du Mouvement Contre la Constante Macabre (MCLCM) |
« En France, pour qu'une évaluation soit considérée comme sérieuse et intéressante, il faut que la moyenne soit aux alentours de 10/20. Les élèves sont répartis en 3 "tas" : les bons, les moyens et les mauvais. On retrouve cette répartition dans toutes les classes, quelque soit le niveau des élèves. Si dans une classe, vous avez 15/20 de moyenne, personne ne vous dira : "C'est super, tu fais du bon boulot !"
Les parents, les élèves et les collègues ont des doutes et s’interrogent: "Est-ce que tu fais bien le programme ? Est-ce que ce n'est pas trop "démago" ? Est- ce que tu n'es pas trop laxiste ?"
C'est un problème culturel, un poids de la tradition ; on est toujours sous le joug d'une évaluation dont le rôle est de partager les élèves en trois "tas", voire même en deux "tas" : ceux qui réussissent, et ceux qui ratent. Et si dans votre évaluation personne ne rate, vous êtes très vite source d’inquiétude. Alors une fois, ça passe… Deux fois, les doutes arrivent… Et trois fois, les gens commencent à s'inquiéter : "Est-ce que mon fils est dans une classe normale ? La prof’ est-elle à la hauteur ?" C'est André Antibi qui a mis le doigt là-dessus il y a une vingtaine d'années. [...] »